Georges Rouault (1871-1958) - Nu au masque de licorne 1925

Aquarelle sur papier
Signé, daté en haut à gauche 32 x 22 cm
Provenance : collection particulière , Lyon

Figure dans les archives du comité de la Fondation Rouault qui en a confirmé l’authenticité

Georges Rouault demeure un artiste inclassable du début du XXème siècle, même si il est trop souvent classé parmi les Fauves, à tort.
En effet, l’artiste préféré de Gustave Moreau dont il suivait les cours à l’école des Beaux-Arts de Paris, à la fin du XIXème siècle aux côtés de Matisse, Manguin et Marquet, entre autres, n’exposa pas dans la fameuse salle du salon d’automne qui deviendra la cage aux fauves de 1905, occupée par ses amis.
Son œuvre appartient à l’art indépendant aux frontières de l’expressionnisme et du fauvisme en étant toujours inclassable, du commencement à la fin de la carrière de Rouault.

Cette aquarelle date de 1905, année charnière pour la peinture, donnant naissance aux Fauves
Le thème, un nu de femme, portant un masque de licorne évoque une prostituée au visage caché, pratique courante dans les maisons closes pour assouvir les fantasmes des clients, est un prétexte à la peinture pure, mais pas seulement, car le corps nous apparait bien accablé d’une certaine lassitude. Rouault ne se départira jamais de cette approche psychologique de ses personnages, à la différence de ses amis fauves.

Le personnage et le fond sont traités sans hiérarchie d’importance, donnant ainsi une unité de lecture à l’ensemble. Les coups de brosse sont rapides et effleurent à peine le papier, apportant beaucoup de luminosité et transparence à une palette restreinte, entre bleu, rouge et jaune. Le noir cernant quelques courbes appuyées comme des arcs-boutants afin que la structure complète de l’œuvre tienne à l’œil.
Une apparence trompeuse d’ébauche donne à l’œuvre une spontanéité et une modernité encore actuelle.
La particularité de cette œuvre vient bien de la présence de ce masque de tête de licorne : ne pourrait-on pas y voir un hommage subtile rendu à Gustave Moreau dont le bestiaire fût peuplé de Licornes, en cette année 1905, qui voit l’ouverture de son musée à Paris.